Toute l’histoire de la langue des signes

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L’histoire de la langue des signes est riche et fascinante, marquée par des siècles de lutte, de persévérance et de résilience de la communauté des personnes sourdes.

Cette forme de communication visuelle a évolué au fil du temps pour devenir une langue complexe et structurée, reconnue aujourd’hui dans de nombreux pays du monde. Pour comprendre son développement, nous devons remonter aux origines de la langue des signes et explorer son évolution à travers l’histoire.

Les origines de la langue des signes remontent à des milliers d’années. Des preuves archéologiques suggèrent que les personnes sourdes ont développé des systèmes de communication gestuelle dès l’Antiquité. Dans la Grèce antique, par exemple, Socrate mentionnait dans ses écrits des conversations par signes entre personnes sourdes. Cependant, il est essentiel de noter que ces systèmes de signes n’étaient pas encore pleinement développés en tant que langues structurées.

Les origines française

L’histoire de la langue des signes telle que nous la connaissons aujourd’hui prend véritablement son essor au 18e siècle, avec l’émergence de l’enseignement de la langue des signes en France. L’Abbé Charles-Michel de l’Épée est souvent considéré comme le pionnier de l’éducation des personnes sourdes. En 1760, il fonde la première école pour les enfants sourds à Paris. L’Épée a observé les signes utilisés par les personnes sourdes de la communauté et a commencé à les systématiser, les structurer et à les enseigner. Son travail a jeté les bases de la langue des signes française, connue sous le nom de LSQ (Langue des Signes Québécoise) au Québec et de LSF (Langue des Signes Française) en France.

Au cours des décennies suivantes, la langue des signes s’est répandue en Europe. De nouvelles écoles pour les personnes sourdes ont été créées dans différents pays, et chaque école a développé sa propre variante de la langue des signes, adaptée à la culture et aux besoins locaux. Cela a conduit à la diversification des langues des signes en Europe, avec des variantes distinctes en Grande-Bretagne, en Espagne, en Italie, et ailleurs.

Pendant longtemps, la langue des signes était principalement transmise de manière orale, avec des enseignants entendants enseignant aux élèves sourds. Cependant, cela a commencé à changer au 19e siècle avec l’influence de Laurent Clerc, un professeur sourd français, et de Thomas Hopkins Gallaudet, un éducateur américain. Ensemble, ils ont fondé l’American School for the Deaf en 1817, introduisant ainsi la langue des signes française (LSF) aux États-Unis, qui a évolué pour devenir la langue des signes américaine (ASL).

Au fur et à mesure que les communautés de personnes sourdes ont commencé à s’organiser, la langue des signes est devenue un symbole d’identité culturelle. La langue des signes a commencé à être reconnue comme une langue à part entière, avec sa propre grammaire, sa syntaxe et son vocabulaire. Elle a permis aux personnes sourdes de communiquer entre elles de manière fluide et naturelle, ce qui a renforcé leur cohésion en tant que communauté.

Au 20e siècle, l’importance de la langue des signes dans l’éducation des personnes sourdes a continué de croître. De nombreuses écoles pour sourds ont adopté la langue des signes comme langue d’instruction, permettant aux élèves sourds d’accéder à l’éducation de manière plus équitable. Cependant, malgré les avantages évidents de la langue des signes, de nombreuses politiques d’oralisme, qui encourageaient l’utilisation exclusive de la parole et de la lecture labiale, ont persisté, limitant ainsi l’accès des personnes sourdes à une éducation de qualité.

Pendant la majeure partie du 20e siècle, la langue des signes a été largement stigmatisée et marginalisée. Les idées préconçues selon lesquelles la parole était la seule forme légitime de communication ont persisté. Cependant, la lutte pour la reconnaissance et la légitimité de la langue des signes a persisté, notamment grâce à des militants sourds et à des organisations telles que la World Federation of the Deaf (WFD).

La reconnaissance et la légitimité des langues des signes ont commencé à s’améliorer dans les années 1960 et 1970. En 1960, la linguiste américaine William Stokoe a publié un ouvrage révolutionnaire intitulé « Sign Language Structure », qui démontrait que les langues des signes étaient des langues à part entière, avec leur propre grammaire et leur propre structure. Cette reconnaissance académique a renforcé la position des langues des signes dans la société.

Les années 1980 ont été marquées par des avancées majeures dans le mouvement des droits des sourds. En 1988, l’ONU a adopté la « Convention relative aux droits des personnes handicapées », qui reconnaissait la langue des signes comme un moyen de communication légitime pour les personnes sourdes. Cette convention a été un tournant majeur dans la lutte pour la reconnaissance et la protection des droits des personnes sourdes à travers le monde.

La reconnaissance officielle des langues des signes s’est poursuivie dans de nombreux pays. En 2003, l’Union européenne a adopté une résolution appelant les États membres à reconnaître et promouvoir les langues des signes. En 2010, les Nations Unies ont proclamé la Journée internationale des langues des signes, célébrée chaque année le 23 septembre. Cette journée vise à sensibiliser le public à l’importance des langues des signes et à promouvoir leur utilisation.

Au cours des dernières décennies, les langues des signes ont connu une renaissance. Les communautés de personnes sourdes ont utilisé les médias sociaux, les vidéos en ligne et d’autres plateformes pour partager et promouvoir leurs langues. De plus en plus de pays reconnaissent les langues des signes comme une langue officielle ou nationale, ce qui renforce leur statut dans la société.